"La personne qui a le plus de pouvoir …
"La personne qui a le plus de pouvoir dans la pièce est celle qui a le système nerveux le plus régulé."
Cette phrase a été publiée il ya quelques semaines par Court Vox, qui fait un métier similaire au mien, avec une invitation à partager nos réflexions sur le sujet.
En anglais, il ya deux termes qui résonnent pour moi : "powerful", que je traduirais par "puissant.e / avoir du pouvoir", et "empowered" qui signifie être dans son pouvoir personnel.
Lorsqu'on parle de pouvoir, les connotations sont généralement liées à la première perception : avoir du pouvoir sur quelque chose / quelqu'un. Le pouvoir serait donc lié à la capacité d'avoir un impact qu'on a sur ce(ux) qui nous entoure, et à la responsabilité qui vient avec. J'interprète cette perspective comme du "faire/avoir". Le pouvoir peut alors être apporté/supporté par un objet extérieur : une arme, ou de l'argent, par exemple, mais ne nous appartient pas par essence.
Qu'en est-il de la deuxième perspective, être dans son pouvoir (empowered) ? Pour moi cela se réfère plus à un état, une manière d'être, une expression et une confiance en soi.
Être empowered (dans mon pouvoir personnel) est profondément lié à la valeur que je me donne, à mes limites, à la définition de ce qui relève de moi (mon "domaine", mon agentivité), et à ma capacité d'agir et tolérer les conséquences de faire des choix, pour faire respecter mes limites et remplir mes besoins. Être dans mon pouvoir personnel, c'est pouvoir dire oui ou non à quelque chose sans avoir à craindre les conséquences.
Mon chemin d'empuissancement s'est fait en réhabilitant mon système et en (ré)apprenant à trouver du calme en moi, pour pouvoir prendre des décisions en conscience et en clarté. La plupart de mes peurs étaient (et sont encore) liées à un risque de perdre la connexion avec l'autre. Si je fais valoir mes limites, il ya une possibilité que nos demandes soient incompatibles, et que la relation (intime, amicale, professionnelle...) ne soit pas possible.
À chaque fois que je n'écoutais pas mes besoins, je donnais mon pouvoir à l'autre. Le pouvoir de décider si oui ou non j'allais être nourrie, rencontrée, reconnue, respectée.
Avec un système nerveux régulé, je suis dans une position beaucoup plus confortable pour prendre un risque : le risque que la connexion se termine, que je perde de l'argent, que la chose que je veux n'arrive pas. Les conséquences de ce risque sur moi sont moindres car je peux tolérer plus facilement l'impact sur mon système nerveux, et trouver au besoin d'autres solutions.
C'est là que je résonne avec la phrase initale : être en pouvoir c'est avoir un système nerveux capable de se réguler quelque soit les conséquences. Lorsqu'on se trouve dans une situation de survie (qu'elle soit réelle ou ressentie), notre système passe en mode "gestion du risque", et va privilégier la réaction la plus "sécuritaire". De plus, un système nerveux dérégulé va avoir de la difficulté à se concentrer sur les possibles résultats positifs du risque encouru.